Anne Favret et Patrick Manez enseignent à l’École municipale d’arts plastiques de Nice, la Villa Thiole. Ils explorent le territoire urbain dans sa complexité, dans une réflexion sur le paysage habité, sur le territoire, son histoire et ses usages. Ils photographient à la chambre grand format, et cherchent selon leurs mots, une « confrontation directe avec un réel incompressible, un regard exempt de toute hiérarchie ».
La série de photographies noir et blanc qu’ils présentent pour le Festival du Peu, À deux pas des chiens, nous fait pénétrer au cœur des mystérieux vallons obscurs, si obscurs que peu de personnes en imaginent l’existence, pourtant si proche. En bordure du Var, ces canyons et ravins ont été creusés dans la roche sédimentaire constituée d’anciens galets transportés au fil des temps. Désormais interdits aux marcheurs aventuriers, ces couloirs sauvages abritent un monde vivant insoupçonnable, bien loin des vastes horizons inondés de soleil qu’offre le littoral. Là, c’est dans une apparition discrète et muette que l’eau joue sa partie, dans l’ombre et sans fracas. Cette série, réalisée en collaboration avec l’écrivaine et critique d’art Sophie Braganti offre une double approche : celle des images en variantes de gris et de noirs sur lesquelles les mots de la poétesse se détachent en fonte blanche : « Le tissu urbain se concentre aux confins d’une paroi de mousses. C’est à midi que la ville cuit pendant qu’ici la forêt orgiaque et organique luit. En secret. »
Favret-Manez et Sophie Braganti, série À deux pas des chiens. Vallons de ville, avec Sophie Braganti, 2019 – Photographies noir et blanc, texte, 80×60 cm